L'église Saint-Pierre
( Commune de Ploumoguer )
Attention, suite à la tempête Ciaran ( plus de 200 km/h )
qui a endommagé le bâtiment
le 2 novembre 2023,
l'église est provisoirement fermée
à la fois au culte et à la visite.
« Pendant la tempête CIARAN, le coq du clocher de l’église de Ploumoguer est tombé sur le toit. La charpente est touchée ainsi que le plafond de la mezzanine sans oublier l’orgue. La totalité du clocher a été endommagée par la force des vents, des pierres sont tombées sur la toiture ainsi que sur les tombes. L’expert en bâtiment a bien identifié la fracture du balcon du 2ème étage du clocher et une vibration de toute la flèche avec une amorce de rupture.
Ceci a été confirmé par la vidéo prise par drone.
Nous avons donc fermé le cimetière et l’église par précaution en attendant les mesures conservatoires : intervention d’alpinistes pour envisager le devenir du clocher.
Nous sommes en recherche d’entreprise pour estimer les mesures provisoires de mise en sécurité et l’expertise définitive du bâtiment.
Les élus s’associent à la peine des habitants. Nous nous sentons tous durement touchés par cette tempête et la vision des bâtiments publics accentue notre désarroi.
Combien de temps en mois, en années, sans église au bourg, sans cloches à sonner ? »
( Extrait du site internet de la mairie, novembre 2023 )
Accès:
Stationner au pied de l'église ou à l'arrière, sur la place de la Mairie, puis traverser le cimetière pour accéder au porche de la face Sud.
L'extérieur
L'édifice actuel date de 1845 et a remplacé l'église précédente construite en 1753. C'est un bâtiment rectangulaire doté d'un chevet à pans coupés et de deux porches à bancs de pierre sur les côtés Nord et Sud.
Seul, le clocher de 1753 a été conservé. Celui-ci présente deux belles galeries garnies de pinacles que surplombe une flèche octogonale très ouvragée.
On remarque, aux angles de la première galerie, la présence, non pas de gargouilles, mais de faux canons. Voir Les canons d'Iroise
Au-dessus du portail du clocher, dans une niche à coquille, une statue en kersanton de Saint Nicolas accueille les visiteurs. A ses pieds figurent trois petits enfants en prière dans le baquet du saloir. 1
L'entrée se fait par le porche Sud. On peut y lire, gravée, la date de 1845.
Ce porche comporte, encastré dans le mur de droite, un très beau bénitier en kersanton du XVIIIeme siècle, dont le dais flamboyant à coquille est surmonté d'un enfant nu agenouillé et portant la croix.
La nef
Formée de sept travées, la nef est flanquée de deux larges bas-côtés. Les arcades néo-romanes reposent sur des piliers de section carrée.
Au-dessus d'un énorme lustre, la voûte bleu-nuit, lambrissée en berceau, représente un ciel étoilé. Deux tribunes superposées ont été construites autour du clocher. Un orgue monumental y trône depuis 1947.
Dans un angle, un très beau confessionnal à bas-relief aux armes de Saint Pierre et couvert d'un demi-dôme à écailles date du début du XIXeme siècle.
Dans l'angle opposé, un confessionnal identique à celui-ci a été remplacé par une vitrine hautement sécurisée dans laquelle plusieurs objets d'orfèvrerie liturgique sont exposés. La plupart d'entre eux ont été réalisés au XVIIeme siècle.
On peut suivre sur les murs des bas-côtés un chemin de croix représenté par 14 tableaux.
Au milieu de la nef, une magnifique chaire à prêcher du XVIIIeme siècle mérite aussi qu'on s'y arrête. Elle présente des panneaux sculptés de bas-reliefs mettant en scène les quatre Evangélistes.
Saint Jean et l'aigle qui permet de l'identifier
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Saint Luc et le taureau
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Saint Marc et le lion
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Saint Matthieu
C'est le seul qui soit accompagné d'un être humain.
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La chaire est surmontée d'un abat-voix à volutes dominé par un ange original aux couleurs vives qui souffle dans une trompette. 2
Le chœur
De style baroque, tout en bois polychrome, le chœur est absolument superbe.
Un grand baldaquin du XVIIIeme siècle, formé de quatre hautes colonnes supportant un entablement en hémicycle, est disposé face à la nef. Il soutient à l'aide de quatre volutes un dais qui surplombe le maître-autel.
Celui-ci a la forme d'un long tombeau galbé. Il est dédié à Saint Pierre, comme en témoignent la tiare et la clé de ses armoiries que désignent deux angelots.
Au-dessus du maître-autel s'élève un rétable très original dont le tabernacle où sont conservées les hosties est caché derrière un tissu.
Un second autel, plus fonctionnel, datant de 1968, présente un bas-relief du Bon Pasteur portant sur les épaules la brebis égarée.
Enfin des stalles placées sur les côtés témoignent de la présence, autrefois, de clercs dans le chœur liturgique.
Les statues
De chaque côté du chœur trônent les patrons de la paroisse.
A gauche, Saint Pierre
L'apôtre tient, bien serrée contre lui, la grande clé du Paradis.
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A droite, Saint Paul
Son glaive rappelle les mots qu'on lui attribue: « Les paroles du Seigneur sont tranchantes comme une épée.»
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L'église est dédiée à l'apôtre Saint Pierre. comme l'est aussi celle du hameau de Lamber situé dans la même commune. Lamber, qui était autrefois une trève de la paroisse de Ploumoguer, est une paroisse autonome depuis 1842. Son nom breton est « Lann Per », c'est-à-dire « Monastère de Pierre ». Selon la tradition, au début du VIe siècle, Saint Pol Aurélien débarqua de Grande Bretagne à Ouessant, puis à Lampaul-Plouarzel où il fonda le monastère du Prieuré. Il passa ensuite à Lamber et confia à l'un de ses disciples appelé Pierre le soin d'y diriger une nouvelle communauté. Il pourait donc s'agir d'une confusion entre le disciple du Christ et le fondateur du monastère de Lamber qui portait le même prénom.
Deux chapelles encadrent le chœur. Toutes deux comportent un autel et un retable à colonnes avec entablement et corniche polychrome ornée de dragons crachant le feu sous des angelots armés d'encensoirs.
Elles sont dédiées, l'une à l'archange Saint Michel que l'on voit terrassant un dragon, l'autre à la Vierge Marie, Etoile de la mer, Ecce Maris Stella.
On remarquera encore dans la nef les statues de Saint Jean Baptiste, Saint Joseph et Saint Yves.
Saint Yves
Appelé Saint Eozen dans le Léon, Saint Yves Hélory de Kermartin, a vécu au XIIIeme siècle.
Habillé en magistrat, il tient ici un parchemin où l'on peut lire A chacun son droit en breton.
A son époque, il n'était évidemment pas encore question d'égalité des droits.
Saint Yves, l'avocat des pauvres, bénéficie toujours d'une très grande popularité.
En quittant l'édifice, on ne manquera pas de jeter un œil sur la belle croix géminée située à l'angle de l'enclos et du parking de la mairie. Malheureusement mutilée, cette croix pattée pourrait dater du XVIeme siècle.
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Il peut paraître surprenant que Saint Nicolas, l'évêque de Myre ayant vécu en Turquie au IVeme siècle, ait ici la place d'honneur d'un édifice dédié à Saint Pierre. Mais si son culte est encore très répandu dans l'est et le nord de la France, il faut savoir que la légende selon laquelle il aurait ressuscité trois enfants conservés dans un saloir était partout très connue au Moyen Age. Il n'est d'ailleurs pas impossible que cette statue soit médiévale. Chanson populaire
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Aujourd'hui abandonnées, les chaires à prêcher ont vu le jour avec la Contre-Réforme du XVIe siècle, lorsque l'Eglise a décidé de se rapprocher davantage des fidèles. Les prêtres purent ainsi prêcher dans la langue de la population et non pas en latin. Puis aux passages de la Bible et aux sermons moralisateurs furent ajoutés les avis locaux comme les décès, les mariages, les naissances et les rendez-vous religieux. A partir de Louis XIV, c'est du haut des chaires à prêcher que le roi faisait connaître au peuple ses édits. Progressivement, depuis 1945, le désir de ne plus dominer le public allié aux progrès techniques de la sonorisation ont eu raison des chaires à prêcher.
Ici, cet ange aux ailes dorées est bien une femme. Il s'agit d'une représentation christianisée de Fama, déesse romaine de la Renommée, qui, disposant de deux trompettes, une courte et une longue, se chargeait de répandre à l'aide de la première les ragots et les rumeurs, et grâce à la seconde, la bonne réputation, la renommée. C'est du nom de Fama que proviennent en français les mots fameux, infâme, diffamer et l'expression une rue mal famée. On voit bien ici le rôle de l'ange qui, muni d'une longue trompette à l'embouchure écarlate, consiste à magnifier le discours du prêtre.
Yannick Loukianoff
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EN SAVOIR PLUS
"Nouveau répertoire des églises et chapelles"
René Couffon, Alfred Le Bars, Diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p