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Le manoir de Kerscao


( Commune de Locmaria-Plouzané )


Inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 4 février 1998



Propriété privée.

VISITE :
Le domaine est ouvert du 1er juillet au 30 septembre. En dehors de cette période, il est toutefois possible de visiter le manoir sous condition.
Tarifs :
Jeunes de 6 à 18 ans : 3 euros
Adultes : Jardins seuls: 5 euros
Jardins + intérieurs : 10 euros
1/2 tarif sur présentation de la carte de famille nombreuse
et pour les groupes de + de 10 personnes.

Prendre rendez-vous au 06 74 36 30 58 ou par mail sur manoirdekerscao@gmail.com




GPS : 48°23'10 N - 4°39'7 W

   Accès :
A partir de l'église de Plouzané, prendre à droite la direction de Ploumoguer. A 3 km, au calvaire, tourner à gauche en direction de Locmaria-Plouzané. Le manoir se trouve à 500m sur le côté gauche de cette route.
A partir de Locmaria-Plouzané, prendre la direction de Ploumoguer. Le manoir se trouve sur la droite à environ 1,5km du bourg.


Notice historique :

    Les origines de ce manoir remontent au Moyen Age. On sait qu'il a appartenu à Hervé et Guillaume de Kerscau au début du XVe siècle, puis à leur gendre Yvon de Quilbignon avant de passer par alliance, au milieu du XVe, à la famille de Kerguiziau qui entreprit sa restauration en 1468.
Le manoir sera agrandi par Claude de Kerguiziau à l'occasion de son mariage avec Claude du Louët en 1590.
En 1700, la nièce de François de Kerguiziau hérite du domaine qui devient, toujours par alliance, la propriété de la famille de Kersauzon, puis des Montbouchet jusqu'à la Révolution. Dès 1774, les propriétaires n'habitent plus le manoir qui est occupé par les fermiers. Devenu bien national, il fut vendu en 1795 à Madame Le François, puis racheté en 1844 par Noël Mével, arrière-grand-père de Sané de Parcevaux de Tronjoly qui entreprit à partir de 1977 une profonde restauration des bâtiments.

Description :

    Le manoir de 1468 reconstruit par Alain de Kerguiziau comporte deux bâtiments en « L », qui correspondent à la partie gauche de la cour actuelle, une cour carrée fermée alors par deux tours dont ne subsistent que des restes. Son style est typique des manoirs bretons du XVe. Le mariage des deux Claude en 1590 est l'occasion d'un agrandissement dans un style plus lumineux qui bénéficie des avancées architecturales de la Renaissance. Nous en reparlerons plus loin à propos de leurs armoiries.     Les bâtiments sont alors abrités par une première enceinte autour du manoir, puis par un second rempart faisant le tour du domaine et protégeant ainsi la chapelle et le colombier. A l'extérieur de cette enceinte se trouvent une fontaine et un lavoir ( un doué en breton ). On sait qu'un four à pain, un moulin et un vivier faisaient aussi partie du domaine.

    Dans la cour d'entrée, un large puits accueille le visiteur. Il est profond de 14 m et doté d'une énorme margelle monolithe. Une toiture de pierre l'abritait autrefois.



Il suffit d'observer la façade du manoir pour voir qu'elle a subi un important remaniement.



    On voit très bien par exemple une différence entre les fenêtres de gauche et celles de droite. Il en est de même des cheminées. On a donc conservé la partie gauche du XVe et totalement reconstruit la partie droite dans le style Renaissance en 1590.


On aperçoit aussi sur la façade la trace de l'ancienne toiture
de l'aile gauche qui a été refaite récemment.


    L'entrée, surmontée d'une belle accolade dans le style Renaissance bretonne et de voussures en kersanton, est encadrée de trois colonnettes de chaque côté.




  Mais la différence dans les niveaux au pied de cette entrée ainsi que dans la couleur des pierres des colonnettes montre qu'il s'agit probablement de réemplois.

Dès que l'on pousse la porte, on accède à un hall étroit bordé d'épais murs de pierre. Le sol et le plafond sont constitués de grandes dalles de granit. Au fond, une ouverture excentrée surmontée d'un arc en plein cintre donne sur un escalier.



    A gauche, une porte ouvre sur une grande salle à manger où trône une majestueuse cheminée dont le linteau et la tablette sont protégés par un arc de décharge.



  Une étroite fenêtre ornée d'un vitrail aux armes des anciens propriétaires s'ouvre sur le hall.


Ces armoiries, confectionnées en 2002 par les ateliers Loire, sont en haut à gauche celles de Claude de Kerguiziau, restaurateur du manoir vers 1590, et à droite celles de son épouse Claude du Louët de Coatjunval. Les premières sont d'azur à trois têtes d'aigle d'or et les secondes fascées de vair et de gueules.
En bas, le dernier restaurateur du manoir, Sané de Parcevaux, a fait représenter les siennes, d'argent à trois chevrons d'azur, auprès de celles de sa femme Jacqueline Bouguereau qui blasonnait d’azur à la croix d’or chargée de cinq roses de gueules.

    De retour dans le hall, franchissons la porte située en face. Elle donne accès à un salon aux poutres magnifiques.


Son sol a été recouvert en 2007 de grandes dalles en pierre de Logonna.


  Au fond du hall on aboutit à un escalier monumental au pied duquel gît un coffre dont la jolie façade sculptée représente les principaux saints bretons ainsi que la Fuite en Egypte de la Sainte Famille. Ce meuble deviendra l'autel de la chapelle du manoir.





L'escalier à vis, formé de grandes dalles de granit, est impressionnant par ses dimensions. Sa partie supérieure s'achève par un énorme monolithe de plusieurs tonnes en guise de garde-corps. Avec un diamètre de 5,10m, largement surdimensionné par rapport aux pièces du manoir, cet escalier est l'un des plus imposants de Bretagne.










  Le palier donne ensuite sur deux chambres.
    On remarquera dans l'une d'elles, appelée « chambre forte » ou « chambre des archives », un superbe sol recouvert récemment de tomettes émaillées, identiques à celles de la chapelle.
Curieusement, trois petites ouvertures dans les murs donnent aussi bien vers l'extérieur que dans d'autres pièces du bâtiment.










  Il y a là une énigme que l'on retrouvera si l'on visite les caves ainsi que la chapelle du manoir. En effet on a du mal à croire que la petitesse de ces ouvertures pouvait à la fois permettre d'y passer le canon d'une arme à feu et de viser.
On compte au total une vingtaine de ces énigmatiques « meurtrières » dans les bâtiments du domaine.

Sur le palier, deux escaliers plus étroits permettent aux visiteurs d'accéder aux pièces mansardées du second étage. L'une d'elles possède encore sa belle fenêtre à meneaux. Dans les combles, une chambre cachée a accueilli un prêtre réfractaire pendant la Révolution.

  Dans la salle à manger, un passage nous permet de découvrir l'arrière du manoir. On change alors totalement de décor, l'endroit est un paradis de verdure à la fois coloré et reposant .




  La partie ancienne du bâtiment montre la belle fenêtre à meneaux du dernier étage et une originale trompe architecturale en niche qui soutient un petit escalier accédant aux combles.







La chapelle du manoir porte le nom de chapelle St-Claude. Elle se dresse dans la partie Est du domaine, à l'abri de la deuxième enceinte.




On distingue au-dessus de la porte les armoiries d'alliance du couple formé par Claude de Kerguiziau et Claude du Louët de Coatjunval qui se sont unis en 1590. Magnifiquement sculptées en mi-partis dans la pierre de kersanton, elles figurent au centre d'un cartouche imitant un cuir roulé et sous lequel on peut lire le prénom des deux Claude.



Il ne faut pas oublier que si la peinture a aujourd'hui disparu, ces armoiries étaient autrefois peintes de couleurs vives destinées à attirer le regard.


Photo et reconstitution : © Michel Mauguin.


    A l'intérieur de la chapelle, on retrouve les belles tomettes émaillées qui recouvrent le sol de la chambre forte du manoir.
Mais celles-ci sont un peu différentes.
En effet, lorsque Sané de Parcevaux s'attaqua à la restauration de ce bâtiment, il découvrit, encore en place, de véritables tomettes d'époque, vernissées, et surtout parmi lesquelles quelques-unes présentaient des empreintes d'armoiries qui avaient été réalisées à l'aide d'un tampon, en creux ou même en relief, lorsque l'argile des carreaux était encore humide.


© Photo Michel Mauguin
On reconnaît les têtes d'aigles et les fasces des armoiries des deux Claude.


Conscient de la valeur patrimoniale et de l'originalité de ce décor qu'il voulait respecter, il le fit imiter sur de nouvelles tomettes pour compléter celles qui étaient encore en bon état.





Non loin de l'entrée, l'une des tomettes d'origine représentait une clé.


© Photo Michel Mauguin
Il pourrait s'agir, de la part du premier restaurateur, d'un clin d'œil à son aïeule Adélice Le Normant, dont des clés figuraient sur les armoiries.
Elle était la mère d'Alain de Kerguiziau, propriétaire du domaine à la fin du XVe.


Cette superbe tomette peu commune est aujourd'hui précieusement conservée. C'est donc une imitation émaillée que l'on peut voir près de l'entrée. On trouve aussi sur d'autres tomettes des traces de pattes de chien et de chat.




La charpente a été refaite telle que pouvait avoir été celle d'origine.






De façon discrète, le restaurateur et son épouse
ont cependant signé de leurs armes leur restauration.



    Les vitraux ont été réalisés en 2004 par Hervé Loire, à l'Atelier de la Clarté près de Chartres. On voit à gauche Saint Sané, vénéré à Plouzané et à Locmaria-Plouzané, que rappelle aussi le prénom du restaurateur.
Venant d'Irlande, ce saint aurait débarqué au Ve siècle à Plougonvelin et aurait converti en sanctuaires chrétiens les temples païens de la forêt de Lucos, à l'emplacement même de l'église actuelle de Locmaria-Plouzané.
A droite, Saint Claude est le patron à qui est dédiée la chapelle.



Et au-dessus de ces vitraux, sous la colombe symbolisant le Saint Esprit, sont rassemblées sur le même plan les armoiries des restaurateurs du domaine que séparent quatre siècles mais qui, d'évidence, ont travaillé dans le même but.



   

Plus surprenantes sont les « meurtrières » que, comme dans le manoir et dans ses caves, on rencontre aussi dans les murs de ce petit bâtiment pourtant plus destiné à la prière, dans lequel il est apparu nécessaire de se protéger également.





Non loin de la chapelle se trouve un magnifique colombier ( un kouldry en breton ) dont la couverture a été récemment restaurée.





Ses armoiries, très érodées, étaient vraisemblablement assez semblables à celles de la chapelle et dateraient ainsi sa construction de la même époque.





Dès l'entrée, on est surpris par l'imposante épaisseur du mur.





Mais sa fonction n'est pas seulement de supporter une lourde toiture en forme de dôme : le bâtiment comporte sur tout son pourtour de profondes niches appelées boulins. Des corniches de pierre débordantes empêchaient les rongeurs et les petits carnivores de grimper jusqu'aux nids.







Au nombre de 500, les boulins devaient héberger autant de couples de pigeons. Ils témoignent de l'importance passée du domaine. En effet, en Bretagne, un arpent de terre ( 50 ares ) donnant droit à un boulin, le domaine de Kerscao devait couvrir environ 250 hectares et le Kouldry héberger à peu près un millier de pigeons.
Des volatiles et des œufs surtout destinés à être consommés par les occupants du manoir et leurs éventuels invités.

Voir sur le même site le colombier de Lanhalla

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Merci aux propriétaires de ce manoir pour leur collaboration active et pour les photos qu'ils nous ont fournies.

  Merci aussi à Michel MAUGUIN pour ses photos et pour son étude héraldique sur le manoir de Kerscao qu'il a bien voulu nous communiquer pour la mettre ci-dessous à la disposition des internautes.



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  Voir aussi le petit recueil ci-dessous
de Serge PRINCE
et Anne-Marie TOPORKOFF



Edition de l'Encre 2019
couverture cartonnée,
20 pages au format 14,5x21 cm


  Le manoir de Kerscao y est décrit parmi une quarantaine de châteaux et manoirs
du Pays d'Iroise rarement et parfois jamais ouverts au public.
En édition limitée, l'ouvrage est disponible à la librairie A l'Encre au Conquet.

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