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Plantes invasives du Pays d'Iroise

La griffe de sorcière






   Ce nom de griffe de sorcière vient de l'aspect de ses feuilles charnues, gorgées d'eau et falciformes1, un peu comme des doigts crochus. Curieusement, elles ont trois faces. Elles ressembleraient un peu à des bananes, mais de section nettement triangulaire.



   Ses fleurs, qui ne s'ouvrent guère avant juin, possèdent des couleurs vives qui, du blanc le plus pur au violet éclatant, en passant par le jaune fluo, resplendissent sur le vert profond de son feuillage. C'est la raison pour laquelle cette plante grasse qui supporte à la fois la sécheresse et les embruns salés a été importée d'Afrique du Sud. Elle est toujours vendue dans les jardineries des bords de la Méditerranée et de l'Atlantique.
L'espèce qui donne des fleurs de teinte claire, du blanc au jaune, ne semble pas très envahissante. Celle qui donne des fleurs de teinte magenta devient au contraire rapidement nuisible.
  En effet, la plante forme un épais tapis, très dense et très serré sous lequel aucune autre végétation ne peut subsister.


L'espace de couleur rose de cet ancien parking privé du Conquet était couvert de griffes de sorcière que l'on pouvait apercevoir le long du grillage de la clôture ( photo ci-dessous ). Il a depuis été détruit et les débris végétaux, mêlés à la tonte de l'herbe, ont pris le chemin de la déchèterie. Le rose est celui des tiges coupées qui n'ont pas été arrachées et donc susceptibles de repousser. Dans la déchèterie, de nouvelles plantules vont se répandre...




L'envers du grillage, côté rue, avant l'arasement total.

   Depuis la surface, où l'on ne voit qu'un épais tapis de verdure et de jolies fleurs, on n'imagine pas que de monstrueux rhizomes se développent et s'étendent largement dans le sol. Ce n'est qu'exceptionnellement, comme sur la photo ci-dessus, qu'on peut les apercevoir.
   Et la griffe de sorcière n'est pas exigeante. Elle s'adapte aussi bien au sable des dunes qu'à celui, caillouteux, des espaces littoraux.
   Son nom latin, carpobrotus, veut dire fruit comestible. Celui-ci, de saveur sucrée, fait d'ailleurs le régal des rongeurs de tout poil qui, par reconnaissance sans doute, vont semer un peu partout via leurs excréments les graines qu'ils ont ingérées.
   Mais la griffe de sorcière possède un autre mode de reproduction bien plus efficace encore. Les plus petits morceaux de ses tiges et de ses rhizomes noueux ont la faculté de prendre racine très facilement et de donner naissance à de nouvelles plantules. Elle peut ainsi s'étendre et se répandre rapidement.



   Sur la photo ci-dessus, prise en bord de mer au Conquet, on peut voir que la griffe de sorcière du muret a vite conquis tout l'espace la séparant de la maison. Elle revient maintenant, au premier plan vers la rue, condamnant à une mort certaine la touffe blanche de criste marine qui s'épanouit encore au bas du muret.
   Arrachée et même broyée, on l'a vu, la plante peut encore se disséminer. Et ses profondes racines sont difficiles à enlever. Après un arrachage complet, la seule solution pour s'en débarrasser est de l'incinérer. Toutefois la plupart des gens l'ignorent et d'ailleurs on se demande qui aurait la patience et la persévérance d'y consacrer autant de temps.

   Dommage pourtant que l'on doive se débarrasser de si belles fleurs. Mais il suffit de se promener sur les sentiers côtiers, comme entre la pointe St-Mathieu et les Rospects, pour voir la griffe de sorcière coloniser de plus en plus d'espaces et de falaises en faisant disparaître des espèces autochtones qui, elles, ne disposent pas d'un habitat de rechange.


-1- Falciforme : courbé en forme de faucille.



EN SAVOIR PLUS




Serge MULLER : "Plantes invasives en France"
Ed. Museum d'Histoire Naturelle 2006
(On reconnaît la griffe de sorcière sur la couverture)



idée !

SUR INTERNET :
Conservatoire Botanique
Voir en cliquant ci-dessus le site du Conservatoire Botanique National de Brest dont nous avons extrait les conseils d'éradication suivants :


  Si un chantier est envisagé, il est indispensable en premier lieu de réaliser un bon diagnostic de la situation : cartographie des foyers et de leur ampleur afin de fixer des unités géographiques cohérentes de travaux.
  Avant toute intervention en situation de forte pente (cas fréquent), il faut s'assurer de la nature du sol afin de ne pas provoquer une érosion de la falaise suite au chantier. Vu l'étendue des stations, les techniques d'arrachage manuel semblent les plus appropriées, en prenant soin de ne laisser aucun fragment sur place. En situation de pente, il suffit souvent d'enrouler progressivement le tapis de Carpobrotus et de jouer sur le poids de l'ensemble pour améliorer l'efficacité de l'éradication.
   Lors du chantier toutes les précautions doivent être prises pour éviter de propager l'espèce : réaliser les chantiers nettement avant la floraison, éliminer tous les produits des coupes et arrachages.
   Après éradication, un suivi sur une période d'au moins trois ans s'impose afin de supprimer les germinations apparues, dues aux graines contenues dans le sol. Une analyse spatialisée des taches à éradiquer devrait être localement menée, afin qu'il n'y ait pas de réensemencement à partir de graines provenant d'individus proches et dispersées par les mammifères.




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