L'église Saint-Pierre et Saint-Paul
( Commune de Milizac )

GPS : 48°27'59.4 N 4°33'59.5 W

Accès:
De St-Renan, prendre la D38 en direction de Milizac.
Stationner devant l'enclos de l'église.
On pénètre dans l'enclos par une grille métallique surmontée d'un bel arc en accolade. Dominant l'entrée, deux petites statues surveillent les visiteurs. Ce sont Saint Pierre et Saint Paul, les patrons de l'église, dont les symboles sont répétés sur la grille.
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Saint Pierre et les clés du Paradis
Que cette église soit dédiée à deux apôtres du Christ paraît tout à fait naturel. Et pourtant, à Milizac comme dans d'autres paroisses des environs, il y a vraisemblablement là un transfert plus ou moins volontaire d'un culte local vers des saints traditionnels de l'Eglise. Cette confusion aurait trait au passage dans la région de Saint Pol Aurélien, le moine évangélisateur de cette partie de l'Armorique. La tradition veut qu'au VIe siècle, venu du Pays de Galles, Saint Paul - ou Pol - Aurélien, après avoir débarqué à Ouessant, aurait abordé le continent à Porspaul, le port de Lampaul-Plouarzel. Accompagné de plusieurs dizaines de disciples, il y aurait fondé le monastère du Prieuré. Puis il aurait confié à l'un d'eux, appelé Pierre, la direction d'une petite communauté qu'il aurait installée à Lamber ( Lann-Per, le monastère de Pierre en breton ). Paul-Aurélien aurait ensuite gagné Lampaul-Ploudalmézeau, puis l'île de Batz où l'on dit qu'il débarrassa la population d'un terrible dragon. Il est avéré que le fils de Clovis, le roi Childebert 1er, le nomma évêque et lui offrit l'évéché de Castel-Paol, l'actuel St-Pol-de-Léon. Par la suite, le culte envers les deux apôtres se serait substitué à celui, trop local et non reconnu, envers Pol Aurélien et son disciple Pierre.
L'église de Milizac, dans sa partie la plus ancienne, date du XVIIe siècle ainsi qu'en témoigne une inscription sur une pierre du mur du chevet.

On y lit le nom du recteur de l'époque, Messire Pierre Pen, celui de l'architecte Y. Jestin et la date de 1652.
Mais depuis cette époque d'autres remaniements ont eu lieu. Le porche remonte à 1690. On y lit difficilement plusieurs inscriptions traduisant aussi des travaux.

M.P. Y.QVEMENEVR. I
IOVAN. P.LABBE. C
1735
Plus haut, dans une niche, une statue de Saint Pierre surmonte une inscription plus lisible, donc sans doute plus récente.

Saint Pierre priez pour nous
Quant au clocher, il date de 1716. Il fut ensuite réparé après une tempête en 1833, puis de nouveau en 1944 et enfin en 1953.

Il comporte deux galeries superposées donnant chacune sur une chambre de cloches. Sa flèche ajourée à crochets est de section octogonale. Aux angles, sur trois étages, chaque pilastre est maintenu par un arc-boutant.

La flèche a été abattue par la foudre en 1867. Elle fut aussitôt reconstruite à l'identique.
A sa base, le grand portail, non utilisé de nos jours, ne présente aucune décoration.

Entre les deux massifs contreforts, on découvre d'anciennes armoiries presque totalement érodées. Il ne faut pas oublier que ces blasons de pierre étaient autrefois peints de vives couleurs. Au terme d'une étude minutieuse, l'héraldiste Michel Mauguin a abouti à la reconstitution ci-dessous :
![]() © photo Michel Mauguin |
![]() © Michel Mauguin |
Le blason central est celui des Kernezne, grande famille noble bretonne. Michel Mauguin en explique la composition qui associe différentes armoiries du XVIe siècle :

© Michel Mauguin
On remarquera que le porche de l'entrée actuelle n'est pas placé au centre de l'aile de bâtiment qui le reçoit. On en comprendra la raison en observant à sa gauche les quatre petites fenêtres et les deux bénitiers encastrés.

Derrière ces ouvertures aujourd'hui vitrées se trouve l'emplacement de l'ancien ossuaire. Autrefois, les baies n'étant pas obturées, on pouvait de l'extérieur prier et asperger d'eau bénite les ossements des défunts qui y étaient entreposés afin de remployer leurs tombes.
Placé au-dessus du porche, un cadran solaire original date de 1963.

Il n'est pas seulement là à usage décoratif car il respecte pleinement les impératifs de la spécialité.
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Le cadran de Milizac )
Pour pénétrer dans la nef il faut traverser le porche où trône une très ancienne Pietà en kersanton.

L'état d'érosion de cette statuette autrefois polychrome est surprenant pour une œuvre si bien abritée. Le porche ayant été construit en 1690, il faut en conclure qu'elle se trouvait déjà à cet emplacement avant cette date, mais à l'extérieur et exposée aux intempéries. Et comme pour user à ce point le kersanton il faut bien plus de 300 ans, on peut supposer que la statuette avait été récupérée sur l'église précédente où, toujours à l'extérieur, elle accueillait déjà les visiteurs depuis plusieurs siècles.
La nef :
L'intérieur de l'édifice est vaste. La nef comprend cinq travées avec arcades en plein cintre flanquées de deux bas-côtés.


La voûte, lambrissée en berceau et peinte en bleu, est ornée d'étoiles dorées.
Une tribune très profonde a été construite autour du clocher encastré.

L'allée centrale est ornée d'une riche collection de bannières que l'on sort lors des processions. Certaines, très anciennes, sont des œuvres d'art.

Les stations d'un chemin de croix décorent les parois des bas-côtés.

Deux beaux confessionnaux attendent les paroissiens.
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Le transept, large de deux travées, abrite la chapelle du Sacré Cœur et son beau retable.

Le chœur :
Dans le chœur à chevet plat trônent l'autel et le tabernacle.

Les statues des patrons de l'édifice, Saint Pierre et Saint Paul, veillent sur les offices.
![]() Saint Pierre (Sant Per en breton ) |
![]() Saint Paul (Sant Paol en breton ) |
Les deux apôtres sont représentés coiffés d'une tiare. Saint Pierre, considéré comme le premier pape, tient la clé du Paradis et brandit le croisillon pontifical. Saint Paul, au visage très expressif, montre les épîtres, premiers documents écrits du christianisme, qui sont de sa plume.
Les vitraux :
La maîtresse-vitre qui illumine le chœur représente la Crucifixion.

Elle est encadrée d'une Nativité et de la Sainte Famille dans l'atelier du charpentier.
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Aux extrémités du transept, on reconnaît les Noces de Cana et la résurrection par le Christ de la fille de Jaïre .
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Tous ces vitraux sont de même facture mais seul celui représentant la Sainte Famille porte une signature : Ateliers Léglise.
Enfin, le long des bas-côtés, les deux vitraux qui semblent provenir d'un autre atelier représentent l'Ascension et l'Assomption.
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Les fonts baptismaux :
Avant de quitter la nef, jetons un coup d'œil dans l'alcôve située au fond de la nef, à gauche. C'est dans cet espace familial que se trouvent les fonts baptismaux en marbre :

Le couvercle en cuivre du bassin est orné d'un uræus
La chapelle Sainte Anne :
Un second bâtiment orné d'un clocheton se dresse dans l'enclos. Il date du XVIe siècle et n'est ouvert au public qu'à certaines occasions.

L'intérieur est à la fois moderne et sobre.


La Cène
EN SAVOIR PLUS
Merci à Michel MAUGUIN qui a effectué des recherches héraldiques sur toute la commune et a bien voulu nous les communiquer pour les mettre ci-dessous à la disposition des internautes.