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Le Musée Mémoires 39-45

( Commune de Plougonvelin )



La visite comporte 5 niveaux.
Un seul est accessible de plain-pied pour les personnes à mobilité réduite.


GPS : 48°20'07.5 N   4°45'45.2 W





On les aperçoit de loin, ces grandes plates-formes bétonnées datant de la dernière guerre mondiale. Elles ont été construites dès juillet 1940 par l'occupant et faisaient partie d'un vaste système défensif destiné à interdire aux navires alliés l'accès au port de Brest. Il s'agit ici, à Kéromnès, dans un énorme bunker, du poste de commandement de tir de la batterie Graf Spee1 qui s'étendait de Kéringar jusqu'à la côte. La plus redoutable batterie allemande de tout l'ouest de la Bretagne, occupant 22 hectares, et dont Kéromnès était le centre. Les vestiges encore en bon état de ce poste ont été transformés en musée. Et pas n'importe lequel : une réussite muséographique dans un exceptionnel labyrinthe de béton !

Accès : Le musée « Mémoires 39-45 » est situé sur la D 85 entre Le Conquet et Plougonvelin, 500 m après la pointe St-Mathieu, dans la direction de Plougonvelin. On le repère facilement à sa rangée de drapeaux et à ses deux canons de marine antiaériens de la Seconde Guerre mondiale braqués vers le ciel en bordure de route. Un grand parking permet à tous les types de véhicules de stationner.

    
Ces canons français, l'un de 75 et l'autre de 90mm proviennent d'un dépôt d'armes du Morbihan.
Ils ont tous deux été réutilisés par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le plus petit fut même installé près d'ici, aux Rospects, sur la batterie de DCA Erika.


Ouvert tous les jours du 1er avril au 11 novembre de 10 h à 18 h 30, et de 10h à 18h pendant les vacances de Noël et d'hiver sauf les jours fériés .
Téléphone : 02 29 02 84 56
Tous renseignements sur le site :

https://museememoires39-45.fr/



Le poste de commandement de tir de Kéromnès en septembre 1944
Fragment de la maquette exposée au musée



Verteidigungsbereich Marine Küsten Batterie GRAF SPEE
Ensemble défensif côtier de la Marine Graf Spee



  Après son entrée dans le vaste parking, le visiteur doit passer entre deux anciennes guérites de béton qui ne manquent pas de l'intriguer. Elles ne faisaient pas partie du site mais proviennent de Brest où elles gardaient l'accès à une batterie antiaérienne proche de l'Arsenal. Chacune est dotée de trois meurtrières par lesquelles la sentinelle, bien abritée par une énorme épaisseur de béton, pouvait repousser une attaque. Oubliées parmi des gravats, elles ont été récupérées quelques semaines avant l'ouverture du musée.



  De même, sur la pelouse, trône une véritable péniche de débarquement de 1944. On imagine les G.I. entassés et terrés au fond afin de s'abriter des tirs derrière l'abattant métallique et la fragile coque en contreplaqué avant l'échouage sur la plage.



  Dès que l'on pénètre dans la salle d'accueil, une première vitrine donne un aperçu de la richesse des éléments militaires exposés plus loin. Il s'agit d'objets de collection dignes d'un inventaire à la Prévert provenant des différentes armées qui se sont affrontées à l'Ouest.



  A peine le visiteur a-t-il quitté la billetterie qu'il s'enfonce dans les profondeurs de ce super-bunker. Il accède au niveau inférieur, de type M151, réservé au cantonnement de la garnison allemande de ce poste de commandement. Un panneau rappelle la devise : « Cinq minutes avant l'heure, c'est la ponctualité du soldat ».



  Plusieurs chambrées sont aménagées dans ce sous-sol. Mais on ne se contente pas de voir des couchettes vides : des mannequins habillés d'uniformes sont là, dans des scènes de la vie quotidienne du plus impressionnant effet. L'un d'eux se rase devant un long lavabo, d'autres jouent aux cartes. Grâce à une foule d'accessoires de l'époque, cet univers de béton semble s'animer et transmet déjà au visiteur des valeurs humanitaires indépendantes de la couleur de l'uniforme.





Les deux étages suivants étaient consacrés au couchage des gradés, aux locaux techniques et aux salles de calcul des coordonnées de tir. On y découvre aujourd'hui de grandes vitrines où des mannequins habillés de divers uniformes alliés ou de vêtements civils participent à des scènes de l'occupation, de parachutage, de la Résistance, ou de la Défense passive.


Un Résistant accueille un combattant allié venant d'être parachuté

  Des panneaux expliquent aux visiteurs la puissance de la batterie de Kéringar dont les 4 canons principaux SKL 40 de 280 mm étaient capables de tirer des obus de 240 kg à une distance de 30 km. En temps normal, 250 soldats la servaient. Cependant, lors des exercices de tir, elle pouvait en accueillir des centaines d'autres qui provenaient de différentes batteries. Ses multiples blockhaus et ses casernements étaient répartis aussi bien le long de la côte qu'à l'intérieur des terres.


Plan de la batterie de Kéringar d'après Jo Gentil :
"1940-1944 La Résistance dans le canton de St-Renan", Ed. Delpresse, 1994.


Toutefois, ce qui intéresse le plus les habitants de la région, ce sont les nombreux témoignages, les anecdotes, les petites histoires recueillies auprès de témoins pour la plupart aujourd'hui disparus. Des faits divers, mais aussi des lettres de prisonniers, des exécutions de civils pour faits de résistance, tandis que sous le régime de Pétain on exhortait la population à se ranger du côté de l'occupant.





  Un abri de la Défense passive a même été reconstitué. Il faut pénétrer à l'intérieur pour vivre, assis dans une cave parmi des habitants blasés, et pendant douze longues minutes, le 112e bombardement de la ville de Brest. Un moment mémorable, en son et lumière, à ne pas manquer.



La visite se poursuit dans les deux derniers étages qui jouissent d'un magnifique panorama. On y prend connaissance des circonstances tout à fait exceptionnelles dans desquelles cette position que l'on disait imprenable tomba le 9 septembre 1944 avec l'aide des maquisards aux mains des G.I. des 2e et 5e Rangers américains ( cliquez ici pour plus d'information sur le Maquis de Kergoff ). L'extraordinaire victoire d'une petite patrouille de quatre hommes d'une folle témérité, dont le chef, Bob Edlin, une grenade dégoupillée à la main, obtint la reddition sans condition de toute la batterie Graf Spee, alors qu'elle était forte d'environ 800 hommes.


Une grenade à la main, le lieutenant de Rangers Bob Edlin
obtient du colonel Fürst la reddition de la puissante batterie Graf Spee.


  Un grand télémètre occupe la dernière salle après laquelle on peut monter sur la terrasse contempler le panorama.
Et l'on comprend pourquoi avec une telle vue à plus de 180° sur la mer d'Iroise, l'occupant allemand tenait tant à conserver et à fortifier cette incroyable position.

En quittant cette terrasse, le visiteur côtoie un canon allié antiaérien de 40 mm dont les plaques indiquent la date de construction.



C'est sans doute le seul, dans tout le Pays d'Iroise, à être encore en bon état ( suivez ici un itinéraire de visite des canons d'Iroise ).

Différents gros matériels sont aussi exposés parmi lesquels on découvre une énorme mine sous-marine, un wagonnet destiné à transporter le sable et le gravier pour fabriquer le béton des bunkers et enfin, clou de cette exposition, un char américain Sherman M4A1 de 31 tonnes équipé du second modèle de tourelle T23 et du canon long de calibre 76mm.


Il fallait 5 chars de ce type pour venir à bout d'un seul char Tigre allemand.
Mais produit en grande série, le Sherman avait l'avantage du nombre.


On trouvera en quittant le musée par la billeterie la possibilité pour les modélistes d'acquérir la maquette à construire de ce char mythique de la Libération.





-1- Le nom « Graf Spee » provient de celui du cuirassé allemand Admiral Graf Spee. Ce navire avait préféré se saborder en décembre 1939 à Montevideo plutôt que de se rendre à la flotte britannique. Les quatre canons de 280mm de la batterie de Keringar provenaient de la batterie du fort Graf Spee, en Allemagne, sur l'île de Wangerooge, non loin de Wilhemshaven.

Yannick Loukianoff

***



EN SAVOIR PLUS

Avant tout, naviguez sur ce site anglais consacré à l'ensemble du Mur de l'Atlantique :

http://www.atlantikwall.co.uk/

Et tentez de vous procurer cet ouvrage, en anglais, très bien illustré :


Osprey Publishing. Oxford. 2018.



Autres ouvrages


R.Heinz Zimmermann.Munich.1999.


Marcia Moen & Margo Heinen
Meadowlark Publishing. 2002.



Colonel Robert W. Black.
Stackpole Military History Series. 2013.





Jean CHEVILLOTTE


Alain LE BERRE
in "39-45 Magazine" n°43



J.ANDRE & JF CONQ.
Ed. Le Télégramme



Patrick ANDERSEN BÔ.
Ed. Ouest-France



Alain FLOC'H & Christian LE CORRE.
Ed. Ouest-France



Christian BOUGEARD.
Ed. Gisserot



Mister KIT & Serge SAINT-MICHEL
OREP Editions
( bande dessinée )




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