On ne peut pas se priver d'eau.
Et si, aujourd'hui, celle-ci arrive le plus souvent à domicile, il n'en était pas de même autrefois et il suffit au voyageur de se déplacer dans le tiers-monde pour imaginer combien nos aïeux ont éprouvé de difficultés pour se procurer cette eau si indispensable à la vie quotidienne. Et dans les îles, comme à Molène, l'approvisionnement en eau potable reste toujours problématique.
La pluie, le ruisseau ou la rivière, mais aussi la source, dont la naissance paraissait divine, ont évidemment été les premiers fournisseurs naturels d'eau douce. L'homme y a construit des petits monuments, des bassins et aménagé des accès.
Le forage des puits est venu ensuite. Il a fallu consolider ses bords, les sécuriser, puis rendre plus aisée, à l'aide d'une poulie, la remontée des seaux et le remplissage des récipients. Dès l'Antiquité, de nombreux puits furent ainsi creusés dans les jardins. Mais beaucoup d'habitants ne disposant pas de puits étaient encore obligés de se rendre au ruisseau ou à la source. C'est ainsi que dans les villes et villages sont nés les puits et les fontaines publics, équipés beaucoup plus tard d'une pompe à bras. Jusqu'à l'arrivée à domicile du service d'eau, à partir des années 1920, la pompe a été le point de rencontre obligé du village ou du quartier. On a enfin construit des lavoirs où l'entretien du linge était rendu moins contraignant et où se prolongeait l'indispensable lien social.
Toutes ces constructions d'intérêt public, toujours respectées et parfois même ornées, ont vu se dérouler les activités quotidiennes de nos ancêtres. Bien que discrètes, elles témoignent de leur vie de tous les jours et sont chargées d'histoire. Les laisser se perdre dans l'oubli serait renier nos origines. Contrairement à ce que nous montre la société des hommes, il n'existe pas de hiérarchie entre les éléments du patrimoine. Tous, absolument tous, ont la même valeur de mémoire et méritent également notre respect.
Yannick Loukianoff