Accès :
Ce cadran solaire est fixé sur le pignon sud du transept de l'église Saint-Rivoaré, presque au-dessus du Cimetière des Saints. On y accède en traversant le cimetière, à partir du grand parking.
Il s'agit d'un cadran vertical méridional1 du 18e siècle, gravé sur une plaque d'ardoise de forme circulaire.
L'ombre d'un style métallique incliné et parallèle à l'axe de rotation de la Terre se déplace sur le demi-cercle inférieur.
Les heures de 6 à 12 sont portées dans le quart gauche tandis que celles de 1 à 6 apparaissent à droite. Les index horaires sont en relief.
Lire l'heure indiquée :
Sur la photo ci-dessus, prise à la mi-avril, il est environ 4h de l'après-midi à l'heure solaire vraie. Pour obtenir l'heure légale, il convient d'ajouter à ces seize heures l'équation du temps2, qui est à peu près nulle à cette époque de l'année, la correction de longitude qui est de +14 minutes pour Lanrivoaré situé à l'ouest du méridien de Greenwich, ainsi que 1 h de plus en raison de l'heure habituelle imposée par rapport à l'heure de Greenwich et encore 1 h supplémentaire en raison de l'heure d'été.
Selon ce calcul, il était donc à peu près 18h14 lorsque la photo a été prise le 14 avril 2015. Or à cet instant, il était réellement 18 h. On constate une différence de + 14 minutes. On ne doit pas demander une précision plus importante à un cadran ancien3.
L'ornementation :
Le bandeau central porte le nom du cadranier et la date de confection de son œuvre :
( Hamon Le Hir N ou M ? 500 : 45 .)
Le même graveur ayant réalisé un cadran à St-Pabu daté de 1738, il s'agit de l'année 1745.
L'église date de 1583. Mais son transept a été reconstruit en 1744. On peut penser que le cadran solaire a donc été commandé à cette occasion.
Au-dessus de la rosace centrale, l'artisan a gravé divers éléments :
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le Soleil, et la Lune à visage humain, représentent la fuite du jour.
Situés de part et d'autre de la croix, ils surplombent divers symboles de la Passion du Christ, superbement gravés et bien adaptés à l'édifice religieux auquel est fixée cette œuvre d'art :
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On reconnaît, dans le désordre, la main du soldat qui gifla le Christ, 5 deniers sur les 30 qui ont payé Judas, la lanterne des gardes ayant arrêté le Christ au Jardin des Oliviers, le plateau tendu à Pons Pilate avec l'eau pour qu'il se lave les mains, la chlamyde ( manteau ) de pourpre, la corde qui lia les mains du Christ, le marteau, les 3 clous et les tenailles, le glaive de St-Pierre qui voulut défendre le Christ lors de son arrestation, le fouet de la flagellation, deux lances: l'une piquée sur l'éponge imbibée de vinaigre et celle du soldat qui s'assura de la mort du Christ, l'échelle pour la Descente de Croix, la couronne d'épines, la tunique de Jésus, la colonne à laquelle il fut attaché pour recevoir les quarante coups et le coq du Reniement de Pierre.
Rares sont les cadrans rassemblant autant de symboles si bien gravés 4.
Le cadran solaire de Lanrivoaré, comme bien d'autres à son époque, avait pour but d'associer des images de la foi à une fonction publique indispensable. Il faut attendre le siècle suivant et l'invention du chemin de fer pour que progressivement, à l'heure solaire, se substitue partout l'heure légale imposée.
Partout ? Il est encore une île bretonne où l'heure solaire fait toujours de la résistance. Cette île du Pays d'Iroise s'appelle Molène...
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Un cadran est dit méridional lorsqu'il est placé face au sud.
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L'équation du temps est une correction à apporter à l'heure solaire selon le moment de l'année où elle est lue. En effet, le déplacement apparent du Soleil ne s'effectue pas sur l'équateur céleste mais sur l'écliptique et d'autre part, lors de son parcours autour du Soleil, la Terre se déplace plus rapidement quand l'hémispère nord est en hiver plutôt qu'en été. Des tables indiquent donc, selon le moment de l'année, cette correction qu'il convient d'apporter.
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Voir des explications plus détaillées sur la correspondance entre heure solaire et heure légale sur notre page décrivant
les cadrans solaires .
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Sur la signification des emblèmes religieux, lire sur internet
l'étude d'Yves-Pascal Castel .
Documentation fournie par Pierre Labat-Ségalen, co-auteur de l'ouvrage :