Accès :
Sur la D68, allant de St-Renan à Argenton, dépasser le rond-point de Lanrivoaré et prendre 2,5 km plus loin une petite route de campagne à droite face à la route menant au château de Kergroadez. ( fléchage discret « Colonnes de Justice » ). Le monument se trouve à 500 m en bordure gauche de cette route. Un vaste terrain permet d'y stationner et même d'y pique-niquer sous les ombrages.
En 1963, à l'époque où l'administration encourageait les communes à effectuer le remembrement de leurs parcelles cultivables, des travaux d'arasement mirent au jour plusieurs colonnes taillées dans un beau granite de l'Aler Ildut et couchées à l'intérieur des talus bordant plusieurs champs qui portaient tous sur le cadastre le nom de « Goarem ar justisou » (Champ des potences ). L'endroit, situé entre les hameaux de Kervéat, Hellès et St-Charles, sur la commune de Plourin, n'était distant, à vol d'oiseau, que de 1,5 km du château de Kergroadez.

Jean LESCOP, montre le talus où il a découvert les éléments de colonnes
parmi de grosses pierres rassemblées là au moment du remembrement des parcelles.
A n'en pas douter, il s'agissait des restes du gibet lié à l'ancienne juridiction des marquis de Kergroadez. Ceux-ci jouissaient des droits de basse, moyenne et haute justice et pouvaient donc prononcer des condamnations à mort puis les faire exécuter par pendaison
1.
Le monument, élevé en 1561 et agrandi au début du XVIIe siècle, avait été détruit à la Révolution.
Après consultation des historiens, et en comparant les vestiges découverts à des constructions analogues dont on possède des gravures, le plus connu étant le gibet de Montfaucon à Paris, il fut décidé en 1977 de reconstituer le monument à proximité
2.
Les colonnes de justice ne se trouvent donc pas exactement à leur emplacement d'origine, mais 400 m plus à l'ouest, dans un lieu proche de l'ancienne chapelle St-Charles, où se confessaient les condamnés.
La reconstitution semble fidèle ainsi qu'en témoignent d'autres colonnes de justice situées au château de Kerjean, sur la commune de St-Vougay.

Les colonnes de justice de Kerjean
Les quatre piliers de justice encadrent les fourches patibulaires, construction de bois dont les traverses supportaient les corps des condamnés.

Ont-elles réellement servi ? Ou bien avaient-elles seulement un intéret dissuasif ? Elles affirmaient en tout cas l'autorité seigneuriale et ce fut évidemment la cause de leur destruction.

