Retour à l'accueilAnglais    Allemand    Espagnol    



Les stèles gauloises de St-Mathieu


( Commune de Plougonvelin )





GPS : 48°20'02 N  4°45'49.7 W





  Sous leurs croix, ces deux stèles de pierre, qui semblent jumelles, n'attirent pas beaucoup les touristes. Le passant y voit de banales croix. Mais leurs socles sont pourtant beaucoup plus anciens que les ruines de l'abbaye voisine et il faut s'y arrêter pour en observer les détails.

Accès :    De Brest, prendre la D789 en direction du Conquet. A une quinzaine de kilomètres, au giratoire du Lannou, tourner à gauche en direction de la Pointe St-Mathieu dominée par son phare. Environ 150m avant d'arriver, on aperçoit sur la droite, tout près de la route, les deus stèles christianisées. Il est possible de stationner à proximité.
  Du Conquet, suivre la route touristique vers Plougonvelin. A 6 km, à la pointe St-Mathieu, stationner sur le parking du phare. Continuer à pied vers Plougonvelin. 150m plus loin on aperçoit sur la gauche les deux croix.


   Elles portent le nom de « Gibet des Moines ». Mais cette appellation ancienne leur a été attribuée à tort. D'abord parce que les moines de l'Abbaye de St-Mathieu ne faisaient pas exécuter leurs condamnés à cet endroit, mais plus loin à Creac'h ar Justis. Ensuite parce qu'aucune trace de gibet n'a jamais été retrouvée à cet emplacement.
  Ce sont en réalité deux anciennes stèles gauloises qui marquaient peut-être des dépôts d'urnes funéraires situés aux entrées de la petite agglomération occupant à l'âge du fer cette pointe du littoral. Elles ont été christianisées beaucoup plus tard par l'adjonction de croix en pierre, vraisemblablemement lorsqu'un premier monastère fut édifié à l'emplacement des ruines actuelles de l'abbaye.
  Les deux stèles ne sont pas identiques. On peut donc penser qu'à l'origine elles aient pu être édifiées à des époques et peut-être aussi à des emplacements différents.

Celle située le plus près de la route est un parallélépipède rectangle. Elle mesure 1,90 m hors sol et on constate sur sa face Ouest une dépression circulaire. Quatre cupules ont été creusées sur sa face Est.



L'autre est un tronc de pyramide à pans coupés. Sa hauteur est de 1,68 m. On distingue une vingtaine de cupules sur sa face Est.




Dessin d'Etienne MOREL, 1926

Les cupules

Il faut absolument tordre le cou aux affirmations du XIXe siècle que certains continuent de répandre encore à propos de ces cupules : on relève par exemple dans Les Echos de Pen ar bed, bulletin paroissial de l'été 2015, paroisse de Plougonvelin-Le Conquet-Trébabu :

« Cupules: ce sont de petites cavités taillées sur les pierres destinées aux sacrifices rituels, pour en recueillir le sang dans la culture celtique. » (sic)

  On voit mal comment des sacrifices pourraient avoir lieu sur des parois verticales et comment du sang pourrait rester dans ces cavités. Si les Celtes pratiquaient bien, occasionnellement, des sacrifices d'animaux - comme les Romains - ceux-ci n'ont rien à voir avec les cupules.
  En fait, la présence de cupules creusées volontairement dans la pierre, a souvent été remarquée sur des roches affleurant naturellement ainsi que sur certains menhirs1, dolmens2 ou stèles gauloises. Malgré de multiples hypothèses, ces marques n'ont jamais reçu d'explication. Il semble qu'ici, à Saint-Mathieu, la stèle ait pu être creusée de cupules avant le moment où elle a été dressée. En effet, l'archéologue Etienne MOREL rapporte :

    « Au commencement de 1926, à la suite d'un enlèvement exagéré de terre et de pierraille pour l'entretien de la route voisine, l'embasement du lec'h 3 était dégarni sur une hauteur d'une vingtaine de centimètres en dessous de la ligne d'implantation correspondant au raccord d'embase, laissant bien voir le prolongement du groupe de cupules sur cet embasement. J'ai pu prendre un calque complet comprenant deux cupules situées plus bas que celles relevées antérieurement ».

  Cette observation, aisément vérifiable, est primordiale car les cupules étaient soit déjà présentes dans la pierre, soit l'œuvre du tailleur de pierre lui-même, pour des raisons inconnues qui nous laissent imaginer une quantité de suppositions.
Parmi celles-ci, citons celle formulée par certains préhistoriens qui pensent que pendant des milliers d'années, des chasseurs-cueilleurs du paléolithique ou même des agriculteurs du néolithique ont pu forer ces pierres pour y caler des branchages destinés à confectionner leurs cabanes.


-1- Voir par exemple le menhir ci-dessous dans l'alignement de Kerzerho ( Morbihan ).




-2- Idem sur l'une des pierres de la galerie du dolmen de l'isthme à Kermorvan.



Dessin de Jean-Yves André ©


-3- Lec'h ou lech : ancienne appellation des stèles gauloises en Bretagne.


***

QR code de cette page


Télécharger ce flashcode