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La chapelle Saint-Ourzal

( Commune de Porspoder )

Ouverte seulement lors des animations




GPS : 48°29'23.1 N   4°45'2 W





Accès: Depuis la D27, partant de Lanildut sur la route de Porspoder, prendre après Melon, et à la sortie du hameau de Kervézennoc, la première petite route goudronnée à droite ( panneaux Traon Igou, chapelle St-Ourzal ). A environ 700 m, prendre à droite un chemin carrossable fléché et stationner 250 m plus loin sur le parking de la chapelle.



    Isolé en pleine campagne, ce lieu de culte est très ancien comme en témoignent la source et la stèle gauloise christianisée que l'on découvre à proximité immédiate. Des débris d'urnes funéraires exhumés lors de travaux confirment cette ancienneté qui pourrait remonter au Ve siècle avant notre ère. La parcelle porte d'ailleurs le nom de Park ar vered, le champ du cimetière.


Près du bassin de la fontaine,
la stèle gauloise a été surmontée d'une croix.


Une terre de légendes :

    L'environnement de la chapelle, où de gros blocs rocheux affleurant naturellement voisinent avec de nombreux mégalithes préhistoriques, se prête au fantastique et au merveilleux. L'eau de la fontaine aurait des vertus particulières et on y plongeait trois fois les enfants qui éprouvaient du retard à apprendre à marcher.
  C'était aussi un lieu où l'on invoquait en breton Saint-Ourzal afin de trouver un conjoint :

Aotrou Sant Pourzal ni ho ped
Roit deomp ni ped ha greg
Aotrou Sant Pourzal eur veach c'hroas
Roit deomp ni ped ha goas


( Monsieur Saint Ourzal, nous vous en prions, Donnez-nous à chacun une femme, Monsieur Saint Ourzal, encore une fois, Donnez-nous à chacune un mari.)

  Les femmes des marins n'hésitaient pas, dit-on, à balayer le sol de la chapelle et à en disperser au-dehors la poussière du bon côté afin que le vent souffle dans la même direction pour ramener à terre leurs maris.



   Enfin on dit aussi qu'il suffisait à un cultivateur de faire trois fois le tour de l'édifice pour s'assurer une bonne récolte de blé noir.

   La chapelle est dédiée à Saint Ourzal, un évangélisateur breton sans doute venu en Armorique, comme beaucoup d'autres, dans le courant du VIe siècle, et dont on ignore totalement la vie. La tradition veut qu'il ait débarqué à l'Aber-Ildut où il aurait fondé un monastère. Son nom, Ourzal, ou Wrzal, pourrait d'ailleurs être une forme d'Arzel, patron de la paroisse de Plouarzel qui borde justement l'Aber-Ildut. A Plougastel-Daoulas, le lieu-dit Lan Ourzel semble se rapporter au même saint. Par contre, le confondre avec Saint Armel, patron de Ploërmel, dans le Morbihan, seraît plus hasardeux.



  La chapelle actuelle a été construite en 1639 par René de Kermenou, seigneur d'un manoir proche. Ses armes figurent sur le socle du calvaire ainsi qu'au sommet des pignons du bâtiment : un blason fascé ondé d'or et d'azur de trois pièces. ( Trois vagues bleues sur fond d'or ). Les ondes symbolisant des dangers marins surmontés, il est probable que le mécène possédait des navires.


Les armes des Kermenou

  L'édifice, de forme rectangulaire, mesure 22,50 m sur 6,75 m. Il est prolongé par une sacristie. La nef est divisée par un arc diaphragme médian.





  Un clocheton daté de 1715 surmonte le pignon ouest qui est dépourvu de portail d'entrée : à cause des vents, sans doute, les ouvertures sont rares et étroites. Seules deux portes sont ouvertes sur le côté sud.
Chaque année un pardon était organisé le lundi de Pâques. Avant la reconstruction, le dernier a eu lieu en 1900.
Mais faute d'entretien, la chapelle est rapidement tombée en ruines. Déjà en 1910, le monument n'a plus de toit, les rampants des murs sont effondrés et l'intérieur est peu à peu envahi par la végétation. L'édifice sacré va connaître une longue période d'hibernation.


La chapelle avant sa reconstruction

Une laborieuse renaissance :

    L'abbé Job an Irien prend l'initiative, en 1979, de redonner vie à cet ancien lieu de culte. Sous son impulsion, et grâce à l'association « Breiz Santel » qui veille à la sauvegarde du patrimoine religieux breton, des chantiers de jeunes sont organisés et les habitants se mobilisent pour sortir le bâtiment de la végétation et le restaurer. Une association locale est créée, les adultes se joignent aux scouts, on organise autour des ruines des kermesses et des fêtes afin de recueillir les fonds nécessaires que viennent compléter les subventions, les dons et les aides municipales.



    Des artisans locaux prêtent aussi leur concours. Claude Conq, tailleur de pierre à Brélès, prend soin d'utiliser le même granite rose pour remplacer les moëllons manquants.



  Le 4 août 1991, le monument enfin mis hors d'eau est inauguré et de nouveau consacré en présence de l'archevêque de Rennes. Il peut ainsi renaître au culte et les pardons reprennent.


Le pardon de St-Ourzal. © Aquarelle de Jacques Bascoulès

    Le concours des bénévoles se poursuit : il faut rejointoyer les murs de pierre, construire un autel, orner de vitraux les oculus, fabriquer des bancs et une estrade au fond de la nef pour les spectacles à venir. Car la chapelle ne sera pas qu'un lieu de culte : on doit y accueillir des concerts, des expositions, des crêches de Noël. L'idée est d'abord de la faire vivre.
La petite cloche est installée et bénie lors du pardon de 2008.
Il faut aussi penser à la décoration. Grâce aux dons des membres de l'association et de plusieurs artistes, les murs nus se meublent peu à peu :

Sur celui du chœur, une porte de tabernacle décorée d'une croix émaillée et encadrée provient de l'église de Lambézellec. On y voit les dommages qu'elle a subis lors de siège de Brest en 1944.



  Le maire de l'époque, Charles Pavot, fait don d'un grand bénitier. Aux poutres est accrochée en guise d'ex-voto une maquette de navire qui lui rend hommage.



  Derrière l'autel trône un grand crucifix en bois, spécialement taillé pour la chapelle et sous lequel est gravée l'inscription Père, entre tes mains je remets mon esprit.
  Des tableaux et des statues sont offerts à l'édifice : « Le bain des enfants dans la fontaine » et « Le paralytique de la piscine de Bethséda » par l'artiste Gwen, une Piéta, par Claude Josselin, ainsi qu'une splendide Vierge à l'enfant, copie de « La Madone du Livre » de Botticelli.



   La restauration d'un tel monument chargé de légendes et d'histoire fait figure d'exemple. Que l'on soit croyant ou pas, il est réconfortant de voir qu'après un sommeil de près d'un siècle et en l'espace d'à peine une génération un élément important du patrimoine local reprend vie grâce à la mobilisation des habitants et à des actes généreux de solidarité d'un nombreux public.

Ce qui est possible lorsqu'un culte soutient une action devrait l'être aussi plus généralement quand tout élément de notre patrimoine est menacé.
   Car en la matière, il y a tant à faire !

Yannick Loukianoff

***

Documentation aimablement fournie par M. Gabriel Le Hir1, Président de l'association « Les Amis de Saint-Ourzal », qui organise les animations estivales.

Sources :
- Job an Irien : "Lehiou sakr, lieux sacrés". Minihi-Lenevez 2011.
- "Breiz Santel 60 ans" , n°221, 2012.
- "Porspoder, Saint-Ourzal", plaquette 2015.


Des animations sont prévues chaque année dans la chapelle : expositions, concerts et chants.




-1- Gaby s'est éteint le 11 août 2016 à l'âge de 71 ans après s'être totalement dévoué à ses concitoyens et au patrimoine de Porspoder.



EN SAVOIR PLUS

L'association 'C.A.P. à l'ouest', de Porspoder, a effectué un remarquable travail de recherches sur l'histoire de cette chapelle
ainsi que sur celle d'une autre chapelle aujourd'hui disparue.
Cliquez d'abord sur le lien ci-dessous:
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