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Le musée du Drummond Castle
et la mémoire d'un naufrage

( Commune d'Ile Molène )




Ouvert tous les jours sauf le mardi,
de 10h30 à 12h et de 15h à 17h.







   C'est un petit musée entièrement consacré à la mémoire d'un naufrage qui a profondément marqué les esprits à la fin du XIXe siècle dans tout le Pays d'Iroise. On ne peut pas aller à Molène et l'ignorer tant les habitants ont été bouleversés, et le sont encore, par cette tragédie.

Accès: A partir de l'embarcadère, se diriger vers le bourg et suivre la première ruelle à gauche. On passe devant l'ancien restaurant Kastell an Daol. Le musée est situé un peu plus loin sur le côté gauche de la ruelle.

Un naufrage de grande ampleur


Maquette au 1/50e du Drummond Castle,
paquebot à vapeur anglais de 110 m de long et 13 m de large.
Le drapeau anglais a été offert par la reine Elisabeth II.
Réalisation : Gérard Caraven 1999.



Pour davantage de détails, voir au bas de cette page « En savoir plus ».

  On s'est beaucoup interrogé sur les raisons d'une telle catastrophe alors que la mer était calme. Manifestement, il s'agit d'une erreur de navigation assez fréquente à l'époque : le capitaine a cru avoir doublé Ouessant alors qu'il s'agissait de Molène. On a évoqué un manque de visibilité : la nuit qui tombait et un épais brouillard. Mais un autre navire anglais situé plus au large a bien aperçu le Drummond Castle s'engager entre les deux îles dans le passage du Fromveur et non dans la Manche. En 1896, il n'y avait évidemment ni radar, ni GPS. Le phare de la Jument, entre Molène et Ouessant, n'était pas encore construit. Le navire ne possédait pas de double coque. Sous sa ligne de flottaison, la tôle s'est déchirée à l'avant contre les roches d'un haut fond appelé «Baz ar Melle Bihan»1 par les pêcheurs bretons, et l'eau s'est engouffrée rapidement dans une longue ouverture béante.

Le dévouement de toute une population

Ce n'est qu'au petit jour que le naufrage a été connu. Le musée relate la découverte par des pêcheurs des premiers survivants, des corps sans vie, et de nombreux objets flottants. Malgré la rivalité ancestrale entre la France et l'Angleterre, deux grandes puissances maritimes engagées alors dans un expansionisme colonial concurrent, les habitants de Molène ont fait preuve d'un énorme dévouement. Il en a été de même à Ouessant ainsi que dans les autres communes du Pays d'Iroise où des corps ont été retrouvés. Faisant fi des subtilités distinguant protestants et catholiques, tous les corps retrouvés furent l'objet de soins attentifs afin de les identifier et de les inhumer décemment. A Molène, 29 corps furent enterrés solennellement au cimetière des Anglais.





Le nombre total de victimes du naufrage n'est pas très clair car les articles de presse de l'époque se contredisent. Certains prennent en compte la capacité totale du paquebot : 380 passagers et 103 hommes d'équipage. Mais le navire n'était pas plein. D'autres font état seulement du nombre de passagers au départ du Cap, au moins 137, alors que le navire a encore embarqué 7 personnes à l'escale de Las Palmas. On ne peut pas non plus se baser sur le nombre de corps rejetés par la mer car certains sont encore arrivés à la côte après les décomptes de la presse. Il est plus simple de dire qu'il y eut environ 250 victimes. Ce qui est certain, c'est qu'on ne retrouva que 3 survivants : un passager et deux hommes d'équipage.


Le cimetière des Anglais

  Des reliques...



Il a fallu attendre de nombreuses années avant de retrouver l'épave qui git toujours à l'entrée du Fromveur par 66 m de fond. Ce furent d'abord des ferrailleurs italiens qui, à l'aide d'explosifs, remontèrent des fragments de la coque. Puis, en 1979, un plongeur breton à qui l'on doit d'avoir rapporté les éléments exposés dans les vitrines du musée et du sémaphore. Il faut ajouter à ces reliques de nombreux débris de toutes sortes trouvés en mer ou échoués sur les côtes peu après le naufrage. Ils sont soigneusement conservés dans des familles de Molène, d'Ouessant et du rivage continental.

  L'Angleterre reconnaissante

Le naufrage a évidemment eu un énorme retentissement au Royaume Uni où la presse s'est très vite emparée de l'événement en relatant en particulier les sauvetages, les recherches intenses et surtout le dévouement de toute une population pour faire bénéficier les corps retrouvés d'une inhumation solennelle. L'archevêque de Canterbury offrit à l'église un superbe calice en vermeil ainsi qu'une patène en or. La reine Victoria décora sauveteurs et responsables des recherches. Le préfet maritime de Brest reçut une distinction exceptionnelle qui le faisait «sir».
Mais la reconnaissance des Anglais ne se borna pas à des décorations individuelles. Pour remercier collectivement les Iliens, les Britanniques firent construire à Molène, qui manquait cruellement d'eau douce, une citerne afin de recueillir et emmagasiner l'eau de pluie. Et comme les pêcheurs se plaignaient de ne jamais savoir l'heure lorsqu'ils désiraient rentrer au port en profitant de la marée, les Anglais firent fabriquer par le meilleur artisan de Londres une horloge spéciale à trois cadrans destinée à être placée sur le clocher. A Ouessant, c'est la flèche de l'église qu'ils firent construire.


Le calice et la patène offerts par l'archevêque de Canterbury
visibles dans l'église St-Ronan



La citerne des Anglais située près de l'église


Le mécanisme de l'horloge à trois cadrans

Tous ces gestes de reconnaissance et de générosité touchèrent beaucoup les Iliens qui pensaient n'avoir accompli que leur devoir, comme ils l'auraient fait à l'égard de leurs compatriotes.
C'est donc tout un pan de la mémoire collective molénaise que le visiteur découvre dans ce musée. Il faut prendre le temps de s'y attarder, de lire les documents qu'il présente et éventuellement d'acquérir les ouvrages ci-dessous qui prolongeront une visite mémorable.

Yannick Loukianoff

-1- Les journalistes de l'époque et les enquêteurs ont parlé des «Pierres Vertes» qui figurent sur les cartes marines. Mais l'épave, ayant coulé rapidement, git bien trop loin de ces roches. Les pêcheurs de Molène accusent plutôt du naufrage un haut fond que l'on voit très bien à marée basse, sans jamais se découvrir. Cette roche dangereuse qui ne figure pas sur les cartes est appelée par eux Baz ar Melle Bihan ( Basse de petite jointure ).

Merci à Jean Maout, historien de Molène, pour cette précision et sa collaboration.

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EN SAVOIR PLUS


Nous vous conseillons surtout de lire sur le site internet de l'île la page consacrée au naufrage du Drummond Castle.  Drummond-Castle
Ecrite par Jean MAOUT après de laborieuses recherches d'archives, cette page extrêmement détaillée décrit la catastrophe, le sauvetage des survivants, l'enterrement des corps et la recherche de l'épave.
Les ouvrages ci-dessous traitent aussi du naufrage :


Ed. Bartillat 1999


Ed. Le Télégramme 2004


Ed. Nabu Press 2010

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