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L'église Saint-Gouescat

( Commune de Tréouergat )





GPS du stationnement : 48°29'47.5 N   4°36'13 W




Vue latérale

Accès: A partir de St-Renan, prendre la D168 en direction de Ploudalmézeau et traverser Lanrivoaré. Environ 500m après la sortie du bourg, tourner à droite vers Tréouergat. A la patte d'oie, continuer à gauche puis tourner à droite au carrefour suivant. A Tréouergat, stationner de préférence sur le parking ombragé du bourg et rejoindre l'église à pied.

    La commune de Tréouergat est une ancienne trève des paroisses environnantes. Son nom actuel est la déformation, au fil du temps, du nom de Treffgouescat que l'on retrouve dans des actes du XIVe siècle. L'église est placée sous le patronage de Saint Gouescat, alias Saint Ergat. Un saint breton sans doute contemporain des missionnaires venus d'Irlande et du Pays de Galles évangéliser l'Armorique du Ve au VIIe siècles1. Mais l'histoire reste muette à son sujet. Saint Ergat est vénéré aussi en Cornouaille et son nom pourrait être à l'origine de celui de plusieurs communes comme Pouldergat au sud de Douarnenez.
Une fontaine St-Ergat existe dans les bois de Tréouergat. Son eau est réputée faire disparaître les douleurs rhumatismales.   ( La fontaine Saint-Ergat )


L'église n'est pas très ancienne. Construite de 1901 à 1905 par l'architecte Ernest Le Guerrannic, elle a remplacé un ancien édifice qui datait du XVe siècle, situé au même emplacement, et dont il ne reste aucune trace. Le clocher latéral ainsi que sa tourelle renfermant l'escalier menant à la chambre des cloches furent bâtis en 1925 par l'architecte Joseph Philippe.



L'ancienne église sur un vitrail du chœur



L'église vue de face


1902

   Une nef de cinq travées est séparée des bas-côtés par des arcs néo-romans. Elle se prolonge par un chœur en hémicycle. La voûte néo-gothique est supportée par des piliers dont certains sont ornés de chapiteaux. On remarquera sur les murs et les piliers la même ornementation circulaire peinte directement sur la pierre en mémoire de la consécration de l'église en 1905 par l'évêque, Mgr. Dubillard.

La nef

La nef

Les statues

    Le regard du visiteur est attiré par quelques statues polychromes en bois qui proviennent de l'ancienne église. Ce sont manifestement l'œuvre d'artisans locaux et l'imprécision de leurs proportions en fait tout le charme. Au fond de la nef, ce sont deux représentations de l'archange Saint Michel2, représenté en officier de l'armée romaine. Après avoir terrassé un monstre anguipède à visage humain représentant le paganisme, il accompagne une âme vers le Paradis.





    Devant le chœur, deux autres statues anciennes représentent l'une Sainte Barbe, que l'on reconnaît présentant la tour où son père l'avait fait enfermer avant son martyre, et l'autre vraisemblablement Saint Gouescat, le patron de l'édifice.







Les vitraux

    Les fenêtres sont garnies de vitraux dont la facture est très comparable à celle des vitraux de l'église Notre-Dame de Liesse de Saint-Renan. Certains sont l'œuvre de Léon Payan, maître-verrier à Paris3, qui exerçait au début du XXe siècle, d'autres d'Henri Gesta, de Toulouse, et de la Société artistique de peinture de Paris.

St Ergat
Saint Ergat ou Gouescat
St Michel
L'archange Saint Michel terrassant le Diable


    Les thèmes des vitraux, très différents les uns des autres, semblent avoir été choisis par chaque donateur en toute liberté. Si la présence de Saint Ergat ou de Saint Pol Aurélien est évidente en raison de leur passage dans la région, on remarquera aussi celle de Jeanne d'Arc ou de Saint Louis.

Ste Jeanne d'Arc
Sainte Jeanne d'Arc
St Louis
Le roi Saint Louis



Saint Pol Aurélien domptant le dragon de l'île de Batz


Les fonts baptismaux

    Au fond de l'église, sur le côté, se trouvent les fonts baptismaux. Deux piliers de granite rose de l'Aber-Ildut s'achèvent par des plates-formes octogonales où un bassin est creusé.



Si l'on soulève le couvercle en bois du plus grand, on s'aperçoit que le bassin de pierre héberge en fait une cuvette en plomb. Celle-ci est fermée par un couvercle coulissant du même métal afin de protéger l'eau bénite tout en permettant son accès pour pratiquer l'aspersion.





Cette cuvette originale a dû être fabriquée au XVIe ou au XVIIe siècle et équipait déjà les fonts baptismaux de l'ancienne église. On ignore tout de son origine et de sa fabrication. On notera cependant que le couvercle et le bord de la cuvette en plomb sont gravés d'une lettre en caractère gothique qui pourrait être un « a ».


Le « a » du couvercle

Le « a » du côté de la cuvette


En 1990, cette cuvette baptismale a été sélectionnée pour participer à Vienne, en Autriche, à l'exposition Arts de Bretagne. La petite commune de Tréouergat était toute fière d'y être ainsi représentée par un ambassadeur original de son patrimoine.



Le cadran solaire disparu

Un joli cadran solaire ornait autrefois l'ancienne église comme en témoigne un dessin où il apparaît au-dessus de la fenêtre du transept :


Dessin de Louis Conq Les échos du vallon sourd



Photo d'archive, fin XIXe



Photo d'archive, 1965


Mais ne le cherchez pas sur les murs de l'édifice car, hélas, ce cadran vertical méridional réalisé sur une plaque d'ardoise en 1742 par le cadranier Hamon Le Hir a disparu du presbytère où il avait été entreposé et n'a pas encore été retrouvé. Au cas où un internaute le reconnaîtrait quelque part, en France ou à l'étranger, il est prié de bien vouloir nous en avertir aussitôt par mail ( bouton « informations diverses/contact » en haut de cette page ) afin que la commune de Tréouergat puisse récupérer son bien à l'amiable.

L'enclos

    A l'extérieur, bordant le cimetière, se dressent deux autels en plein air. Auprès du sarcophage de l'un d'eux, au sol, une statuette décapitée représente deux personnages dos à dos.






    Cette petite statuette géminée ne manque pas d'intriguer le visiteur. Tenant une bible ou un évangile, il s'agit vraisemblablement d'un saint, peut-être Saint Ergat lui-même. On remarquera la curieuse présence d'un petit personnage dans les plis de son vêtement4. On peut penser que cette statuette provient d'un ancien calvaire de la commune ayant été dégradé à la Révolution. Il en est de même d'un autre fragment reproduit ci-dessous.



Plus loin, on a incorporé dans le mur du cimetière la dalle gravée d'un ancien sarcophage. Bien que les blasons aient été effacés, il pourrait s'agir, selon Louis Conq5 de la tombe médiévale du chevalier Maurice de Languiouez, mort à la bataille d'Auray en 1364 sous la bannière de Charles de Blois et de Bertrand Du Guesclin qui furent battus par le parti anglais de Jean de Montfort.




-1- Selon un texte de Théodore Hersart de la Villemarqué, recueilli par Robert Tréguer dans la « Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou », tome 2, 1889, Ergat aurait été l'un des 24 fils du barde-roi Loumarc'h, au pays de Galles, où il serait mort au combat contre les envahisseurs anglo-saxons. Poète et barde lui-même, vénéré par le peuple, son crâne aurait été apporté à Tréouergat au VIe siècle comme relique par les moines gallois. Voici ce qu'en dit l'auteur :

« A la vérité, le saint a fait oublier le poète sur le continent : le défenseur de la religion et de la patrie, chez les anciens Bretons, n'est plus invoqué aujourd'hui que contre les douleurs rhumatismales et c'est comme tel que le connaissent les derniers descendants de la tribu du saint.
Conservé par eux avec une extrême sollicitude comme leur sauvegarde, le chef de Saint Ergat était exposé, une fois l'an, à la vénération des paroissiens, dans un reliquaire d'argent, lorsqu'un décret de l'an II de la République vint jeter la consternation parmi les fidèles du pays : en vertu de ce décret, le reliquaire d'argent devait être envoyé à la Monnaie pour être fondu. Il le fut, et le crâne jeté sur le pavé et réduit en morceaux. Heureusement, la piété du sacristain le sauva : lors du rétablissement du culte, ils furent mis dans un autre reliquaire plus modeste, et on les expose toujours le 11 août de chaque année, jour de la fête patronale, à la vénération publique.»

-2- L'identification de ces statues ne fait pas de doute : seul l'archange Saint Michel est pourvu d'ailes. Cependant il arbore sur son écu la croix de St Georges. Cela peut prêter à confusion car Saint Georges, officier romain, symbolisait le chevalier chrétien triomphant du paganisme. Mais on verrait mal Saint Georges sans son cheval.



Gravure sur bois coloriée, réalisée en Bourgogne vers 1430
Wikipedia


Afin que le public, autrefois analphabète, puisse facilement identifier les saints qu'ils représentaient, les artistes ont pris l'habitude de les accompagner d'un accessoire rappelant un épisode de leur vie. On trouvera sur internet une liste de ces attributs en cliquant sur le lien suivant :
site Les Essentiels

-3- Léon PAYAN a dessiné et confectionné les vitraux d'un grand nombre d'églises et de chapelles en Bretagne. En particulier à l'église Notre-Dame de Liesse de St-Renan.
l'église Notre-Dame de Liesse
Pour plus de renseignements sur cet artiste et sur son œuvre, voir le site internet très documenté qui lui est consacré.
site Léon Payan


-4- Voir aussi, sur la statue d'un mur extérieur de l'église du Conquet, un autre personnage dissimulé sous les vêtements :
L'église du Conquet

-5- Louis CONQ : « Les échos du vallon sourd » Ed. Brud Nevez, 1990. La famille de Languiouez possédait un manoir à Tréouergat. De plus, la hampe-épée qui orne la pierre évoque une fleur de lys, emblème du parti français de Charles de Blois.




Merci à M. Robert Tréguer, de Tréouergat, pour son aide et ses prêts de documents.

Yannick Loukianoff


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