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L'église Notre-Dame de Brélès

( Commune de Brélès )





GPS : 48°28'40.3 N   4°42'52.3 W




L'église et son enclos

Accès: De St-Renan, prendre la D27 qui longe le lac de la COMIREN. Elle mène directement à Brélès. Stationner sur la place, à droite en arrivant devant l'église.

    Brélès, qui fut autrefois une trève de la paroisse de Plourin-Ploudalmézeau, est devenue une paroisse autonome en 1802, à la suite du Concordat signé entre Napoléon et le pape l'année précédente. Son église, autrefois simple chapelle, est l'une des rares en Pays d'Iroise à avoir conservé son enclos. De plus, un monument en forme d'arc de triomphe en indique l'entrée.

L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

L'arc de triomphe
L'enclos a longtemps été fermé par un portail métallique.

    L'ouvrage soutenu par deux gros pilastres comporte une arcade en plein cintre ornée dans sa partie inférieure de redents ajourés trilobés. Il a été remanié comme en témoignent deux inscriptions superposées incorporées dans un pilier voisin, à droite de l'échalier1.

L'échalier

Les inscriptions

L'inscription supérieure est la plus récente. On lit :


L.TOUR
MEN GR

Louis Tourmen était de 1763 à 1791 gouverneur-recteur de ce qui n'était encore qu'une chapelle. Il signe donc là un remaniement de l'arc de triomphe qu'il a fait effectuer quelques années avant la Révolution.

Puis vient la dédicace originale :


PRIES.P.F.KEN
GAR.AVCTEVR
DE.CESTE

Priez pour François de Kéringar auteur de cet (arc). François de Kéringar, seigneur de Bel-Air, avait déjà fait apposer une dédicace datée de 1599 à l'entrée de son manoir. L'ouvrage date donc du tout début du XVIIe siècle.
    Au sommet, un crucifix en kersanton montre à son revers une Vierge à l'Enfant entre deux anges, sous un dais gothique. On sait ainsi dès l'entrée de l'enclos que le site est dédié à Notre-Dame.

La Vierge à l'Enfant

   L'église est un bâtiment en forme de croix latine dont certaines parties remontent à la fin du XIVe siècle. Elle a subi plusieurs transformations dont un agrandissement à partir de 1855. La galerie de son clocher est surmontée de deux étages abritant les cloches, prolongés par une flèche ajourée de section octogonale.

Le clocher

On remarquera son portail gothique délicatement ouvragé dans la pierre de kersanton.

Le portail

Il est orné des armoiries d'Olivier du Chastel et de Jeanne de Ploeuc qui se sont mariés, peut-être dans la chapelle nouvellement construite, en 1408. Ce grand seigneur de Trémazan fut chambellan du duc de Bretagne et capitaine de Dinan et de Brest. A l'origine, ces armoiries présentées par un ange étaient peintes de vives couleurs. A gauche les du Chastel, à droite les Ploeuc.

photo des armoiries
armoiries en couleurs
Reconstitution par Michel Mauguin
in « Le patrimoine héraldique de Brélès »
Aoùt 2015
.


L'entrée habituelle de l'église se trouve sur la face sud. Elle est dotée elle aussi d'une ornementation en kersanton surmontée d'un fleuron. On peut seulement regretter que, lors de sa pose au XXe siècle, la gouttière voisine n'ait pas été dissimulée.

L'entrée sud

La nef, séparée des bas-côtés par des arcades néo-gothiques. est formée de cinq travées. A la hauteur de la quatrième ont été construites deux chapelles latérales faisant office de transept. Une large tribune surmonte l'entrée par le grand portail.

La nef

La nef
La tribune, de style gothique, est éclairée par des ouvertures pratiquées dans la voûte.

    En levant les yeux aux quatre angles de la croisée du transept, on découvre sous la voûte lambrissée en berceau la présence originale d'angelots musiciens. Ces amusantes sculptures en bois polychrome constituent un bagad divin qui égaie la solennité de l'édifice.

angelot aux cymbales
Angelot aux cymbales.
angelot au biniou
Angelot au biniou.


angelot à la bombarde
Angelot à la bombarde.
angelot au tambour
Angelot au tambour.


Dans le chœur, deux autres angelots, curieusement aptères, prêtent sous la voûte une oreille attentive à la musique divine qu'eux seuls semblent entendre. Battent-ils la mesure ? L'un d'eux en a perdu un bras.

Enfant de droite
Enfant de gauche


Le chœur est à chevet plat. Son ornementation est sobre.

Le chœur

Il est illuminé par une maîtresse-vitre. Ses huit panneaux sont dédiés à la Vierge dont ils évoquent les principaux épisodes de la vie. On peut y lire au centre le nom de François-Marie Bervas, recteur de Brélès de 1872 à 1885 et commanditaire du vitrail.

La maîtresse-vitre

Au tympan de cette maîtresse-vitre sont représentés quatre nouveaux anges musiciens qui jouent de la vièle à l'aide d'un archet2 ou pincent les cordes d'une rote, l'ancêtre de la harpe.

ange
ange


ange
ange


    Deux statues encadrent le vitrail. A gauche, une Vierge à l'Enfant en bois polychrome a subi une restauration maladroite au niveau du bras du Christ.



A droite, un ange en tenue de centurion romain foule aux pieds un monstre à visage humain.



Un ange ailé terrassant un monstre, on pense tout de suite à l'archange Saint Michel. Le monstre qu'il terrasse représente le paganisme. On remarquera son visage doté de cornes dont l'une est cassée. Cette belle statue en bois polychrome rappelle celle de l'église de Tréouergat.

Les parois du chœur sont peintes afin d'imiter une tapisserie. On y lit d'un côté les armoiries du pape et de l'autre celles de l'évêque de Quimper lors de la consécration de l'église paroissiale nouvellement agrandie..

Armoiries papales
Armoiries du pape Léon XIII ( 1878 - 1903 ).
Lumen in coelo = Lumière dans le ciel.
Au sens figuré: La clé du mystère.

Armoiries de l'évêque
Armoiries de l'évêque Mgr Lamarche ( 1887 - 1892 ).
Doue hag ar vro = Dieu et Patrie.
Ama et confide = Aime et aie confiance.



  Toujours dans le chœur, on ne manquera pas d'admirer le superbe ange-lutrin en bois polychrome juché sur un joli piédestal. Les deux cadres qu'il présente, l'un devant lui, l'autre sur ses ailes, sont destinés à supporter des livres de chants religieux.

L'ange-lutrin

A droite se dresse la chapelle du Sacré-Cœur.

La chapelle du Sacré-Cœur

Deux de ses statues, en bois polychrome, méritent qu'on s'y arrête.

St Isidore
Ste Anne


Tout à droite, Sainte Anne. La mère de la Vierge, toujours représentée voilée, apprend à lire à sa fille dans un livre de prières.
A gauche, Saint Isidore. Ce modeste paysan espagnol tenant une faucille et une gerbe de blé est représenté ici dans un élégant costume breton. On remarquera la veste bleue ornée de broderies et portée ouverte sur un gilet blanc d'où ne dépasse que le col montant de la chemise. A la taille, une ceinture constituée d'une longue écharpe rouge couvre le haut de son bragou braz qui est serré au niveau des genoux à l'aide d'un ruban rouge. Ses guêtres se ferment latéralement par de gros boutons cuivrés et viennent envelopper le haut de ses souliers.

De l'autre côté du chœur se dresse la chapelle dédiée à Saint Jean et Saint Sébastien.

La chapelle St Jean et St Sébastien

Là aussi, encadrant un tableau représentant l'arrivée en Armorique des moines d'outre-Manche, deux statues attirent le regard.

St Jean
St Sébastien


A gauche, l'apôtre Saint Jean. Il est représenté tenant un calice afin de rappeler qu'il a décrit la Cène avec beaucoup de détails dans l'évangile qui lui est attribué.

A droite, Saint Sébastien, martyr chrétien de la fin du IIIe siècle. Selon son hagiographie, il aurait été criblé de flèches par les propres soldats de la garde impériale qu'il commandait, sur ordre de l'empereur romain Dioclétien.

On l'aura peut-être remarqué, plusieurs peintures murales en trompe-l'œil ornent la nef. Celles qui sont situées en hauteur entre les arcades représentent les apôtres Saint Simon, Saint Thadée (appelé aussi Saint Jude ), Saint Jacques et Saint Barthélémy.

St Barthéléùy
Saint Barthélémy
St Jacques
Saint Jacques


Au fond de la nef, derrière les stalles entreposées sous la tribune, on découvre Saint Pierre et Saint Paul :

St Pierre
Saint Pierre
St Paul
Saint Paul


Le visiteur quitte ainsi l'église de Brélès avec le sentiment d'avoir découvert de nouveaux éléments fort intéressants du patrimoine d'Iroise. Et peut-être aussi l'envie d'y revenir, un soir de fête, afin de vérifier si ces airs de bombarde et de biniou que l'on entend de loin ne proviendraient pas par hasard d'un petit bagad divin qui se cacherait derrière les murs de l'enclos...


-1- En Bretagne, on appelle « échalier » l'accès à un enclos qui oblige à enjamber une pierre plate placée sur chant. Ce dispositif était ici destiné à empêcher les animaux d'entrer dans le cimetière. On peut aussi penser qu'en imposant un effort aux humains, il symbolisait la difficulté à passer du monde des vivants dans le royaume des morts. On trouve encore des échaliers autour de certains lavoirs ou défendant l'accès à un puits comme le puits St-Ronan à Molène. ( Les lavoirs ) ( Le puits St-Ronan )

-2- La vièle à archet est l'ancêtre de la vielle à roue.

Yannick Loukianoff

EN SAVOIR PLUS



Merci à Michel MAUGUIN qui a effectué des recherches héraldiques sur le territoire de la commune de Brélès et a bien voulu nous les communiquer pour les mettre ci-dessous à la disposition des internautes.


© Michel Mauguin

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